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Les images de mes souvenirs d'enfance glissent vers le passé ; quelques unes lentement, d'autres plus rapidement s'éloignent du présent... elles tombent dans un fleuve à fort débit, tellement fort qu'il pourra emporter un veau dans ses torrents. Il coule avec un bourdonnement continu. Je l'entends tout le temps mais pour le voir je dois me retourner en arrière... J'ai mal au dos... Plus j'avance plus je m'en éloigne. Des images... Je ne peux pas arrêter de marcher en avant mais je ne peux pas non plus arrêter le glissement des images... comme le sable fin glisse de la paume de main. Terrifiant...
Les images, les carrés photographiques de la pellicule de mes souvenirs, en tombant dans le fleuve se délavent ; le noir et le blanc s'interpénètrent, se mélangent, s'estompent mutuellement. Toute image devient grise, plate... sans mouvement sous les deluges. La panique... Parfois, si je me rends compte que les images en partance sont tout près, je tends mes mains, j'en attrape une poignée, une ou deux images ; d'autres fois beaucoup plus pour constituer une grappe, une suite, une séquence de pellicule, une scène de souvenir. Les images se mettent en mouvement. Le mouvement m'attire. Je me laisse plonger rapidement dans les images. Je me pose dans la scène : le glissement, la perdition des images s'arrête net... Quel plaisir ! Ô beauté ! Il n'y a plus d'avance ni de recul... il n'y a que le présent...
J'ai 8 ans, peut-être 9... je vis dans un village installé sur les cuisses d'une montagne qui plonge ses jambes dans la mer.. c'est une petite montagne.. elle s'étale des collines en collines à perte de vue... les deux grandes collines en haut du village ressemblent à des jolis seins.. couverts de tétines en rocher.. on a l'impression de vivre sur les cuisses et le ventre de cette belle montagne allongée.. Mon école est située juste en bas de la descente d'une colline.. dès que j'ai l'occasion, je quitte l'école en sautant par dessus le muret de la cour pour grimper sur la montagne. Je monte penché vers le sommet, parfois en marchant à quatre pattes pour ne pas dégringoler en bas.. au bout de plusieurs minutes de monter j'arrive sur un plateau.. des herbes, des fleurs, des coquelicots, des marguerites couvrent l'endroit. Malgré quelques cailloux par terre, j'aime m'allonger sur le dos et regarder.. regarder à l'envers.
Le ciel embrassant un buisson de nuages, est bleu pâle ; le soleil de printemps a dû forcer le tissus de la couleur bleue d'origine.. la couleur n'a pas pu résister à la puissance des rayons jaunes qui poussent qui forcent qui écartent ses filaments.. ainsi la couleur a perdu sa densité.. Couché sur le tapis végétal, je regarde les nuages.. les nuages bougent insouciants; ils forment des images ton sur ton.. là un cheval, ici une tête de chimère, plus loin des yeux... Soudain les nuages s'écartent, il n'y a plus d'objet où attacher mon regard.. je vois le bleu, le pâle, le blanc -je n'aime pas le blanc- le vide.. ma tête tourne, je glisse.. le sol penche dangereusement.. j'allonge mes jambes encore et encore pour me coller.. mon dos n'est plus posé par terre, mes doigts de mains entrent dans les herbes, essaient de les tenir.. ça ne marche pas.. mes doigts pénètrent dans la terre, s'accrochent tant qu'ils peuvent.. je suis paniqué. je me suis ancré à terre pour ne pas tomber dans le ciel..
Merveilleux Aykaan, l´image, les lignes du sol, du ciel de la mer ... et aussi les images créées par l´histoire racontée. Tu as du talent littéraire et dommage que très peu de gens qui le lisent par ici... enfin tu desserves un plateforme de publication plus étendu. Après plus de deux mois et aperçu que depuis aujourd’hui je ne suis que le troisième à te donner ma note : 7 Je ferai de cela une favorite. amitiés, Paul